21/07/2017

Pour la création de maisons de crédit locales pour l'entrepreneuriat

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Pour obtenir un financement en vue d'une création d'entreprise, un entrepreneur dispose de plusieurs solutions, plus ou moins cohérentes avec son projet. Les banques sont bien sûr les plus sollicitées, mais également les organismes publics de subvention (français ou européens), les "business angels", les proches etc... Si le financement participatif existe, il reste néanmoins peu développé et le cadre juridique français ne permet pas à de tels outils de libérer leur potentiel. En fixant des règles spécifiques accordant plus de flexibilité au financement participatif (quitte à déroger aux procédures légales et contractuelles entre différents associés), il est possible d'envisager une nouvelle solution de financement d'entreprise axée vers les TPE/PME locales et mettant en relation des investisseurs particuliers avec des entrepreneurs.

 

Les contours de ce nouveau système d'investissement

Beaucoup d'entreprises n'ont pas vu le jour suite au refus de la banque d'accorder un prêt pour le démarrage de l'activité. Si le projet semblait tenir la route du point de vue de l'entrepreneur, le banquier en a eu une toute autre opinion à la lecture du plan d'affaires (même si les chiffres avancés semblaient pourtant réalistes). Le refus a souvent l'effet d'un coup de massue sur l'entrepreneur car il voit en la banque le seul moyen efficace de parvenir à concrétiser son projet.

En créant un dispositif de financement participatif local autour d'une maison de crédit et où entrepreneurs et investisseurs particuliers se rencontreraient, il est possible de faire éclore des entreprises où chaque investisseur devient partenaire ou créancier. Grâce à une plateforme qui centralise les projets, les créateurs pourraient présenter leur idée sous forme de vidéo succincte (elevator pitch) ou en format plus classique (PDF ou PowerPoint). Les investisseurs intéressés pourraient se manifester en demandant une rencontre avec l'entrepreneur à l'occasion d'un entretien privé au sein de la maison de crédit. S'il accepte de participer au financement, l'investisseur devra alors soumettre ses conditions financières au porteur de projet : soit il opte pour un prêt avec intérêt, soit il choisit une prise de participation dans l'entreprise à venir. Au porteur de projet d'accepter, de refuser ou de négocier par la suite. Les transactions de capitaux entre les parties se feront par le biais de la maison de crédit. Celle-ci sera l'intermédiaire privilégiée des différentes parties et aura un rôle de conseil, d'information, de médiation et de contrôle des comptes. Sa responsabilité se limitera à ces missions.

Le principal avantage de ce dispositif résiderait dans la rapidité d'augmentation de capital. Si un entrepreneur a besoin de plus de fonds, il peut vendre une partie de ses parts à l'investisseur contre un nouveau versement. De son côté, l'investisseur pourra envoyer la somme d'argent manquante à l'entrepreneur en quelques minutes depuis la plateforme et avec signature électronique de l'avenant (automatiquement généré) de la part des deux parties.

Le deuxième avantage serait d'exonérer l'entreprise de cotisations sociales et patronales pendant plusieurs années, mais aussi de défiscaliser les dividendes, plus-values et intérêts chez les investisseurs.

 

Le profil des investisseurs

Tel que cela est présenté, le concept ressemble à un mélange entre le crowdfunding et le prêt entre particuliers. L'idée est de développer des entreprises locales en faisant participer les personnes résident dans la même zone géographique et détentrices d'une épargne à faire fructifier. Dans ce concept, les tickets d'entrée au capital devront être de 1.000 euros minimum afin d'ouvrir l'investissement au plus grand nombre. Pour éviter les conflits d'intérêts, l'investisseur devra être une personne physique, majeure, agissant pour son compte propre et dont la capacité financière aura été validée par la maison de crédit. Toutefois, les banques seront les bienvenues et pourront elles aussi participer aux entretiens individuels afin d'évaluer la pertinence d'un projet et la personnalité du créateur.

 

Étendre le concept au prêt personnel

Si une personne (ou un couple) souhaite emprunter de l'argent pour un prêt personnel, elle peut déjà le faire auprès d'une banque ou d'une société de crédit à la consommation. Elle peut également passer par une plateforme bien connue dans le prêt entre particuliers. Il devrait être possible que les maisons de crédit locales s'ouvrent également aux prêts personnels. Alternative à la banque, la maison de crédit regrouperait tous les particuliers d'un secteur géographique souhaitant prêter de l'argent avec intérêt. Pour les emprunteurs, il s'agit d'éviter de faire grossir la banque en choisissant d'emprunter à un autre particulier, à condition toutefois que le taux d'intérêt soit suffisamment compétitif. Le prêteur percevra les intérêts en guise de rémunération pour le capital prêté. Si le concept fonctionne déjà très bien à l'échelle nationale, il est envisageable de l'expérimenter à un niveau plus local tout en gardant la même rigueur dans la sélection des dossiers de crédit.